Ton travail est conceptuel depuis le commencement. Il semble être une parfaite synthèse d’appropriation de l’espace urbain d’invitation à la réflexion, au voyage mental, et d’auto promotion. Est ce que tu as travaillé sur cette formule ou les éléments se sont ils mis en place au fil des années?

J’ai agit depuis le début en effet de manière conceptuelle mais aussi par intuition, et parfois le discours venait après l’action ce qui est contradictoire avec l’idée d’art conceptuel.

Est tu as l’aise avec les étiquettes “post graffiti”, “street art” et “art urbain contemporain”, ou est ce que tout ça n’est que du marketing?

Je n’aime pas trop les étiquettes, (Zevs m’a dit un jour « les étiquettes, ça s’enlève! ») mais je peux comprendre que les gens en aient besoin pour se donner des repères dans une certaine histoire de l’art;

J’ai moi même étudié l’histoire de l’art et les différents mouvements permettent ainsi de rattacher certains peintres à ces mouvements pour qu’ils existent sur le marché de l’art.

Quand on y pense mes oeuvres pourraient tout aussi bien faire parti du mouvement de l’art optique que de l’art minimal ou encore de l’abstraction géométrique;

Cela dépend comment on veut regarder les choses, pour moi, il n’y a pas de vérité, il n’y a que des visons.

Par ailleurs je ne peux pas renier le fait que j’ai appréhendé la peinture par le mouvement du Graffiti, puis par une approche calligraphique pure et qu’ensuite j’ai fait parti des premiers français à utiliser le logogramme comme signature dans l’espace publique, de manière répétitive et systématique, à l’image des grandes marques, ce qui pourrait être un des axes de définition d’un certain Street Art.

Zevs, Space Invader, L’Atlas, sont 3 artistes qui ont posé, dès les années 90, les bases de l’art contemporain urbain actuel. A la même époque, face à cette émulation, Banksy et Shepard Fairey semble isolés. Pense tu qu’il y a une “école Française” du street art?

Je ne saurais pas dire exactement, il faudrait demander à des gens comme Pierre Evariste Douaire qui sont de véritables historiens de l’art de notre mouvement mais en tout cas  nous avons eu les premier artistes de rue en France avec des gens comme Gérard Zlotykamien dans les années 60 puis avec le mouvement du nouveau réalisme qui proclamera « une nouvelle approche perceptive de la réalité ».

Ce mouvement théorisé par Pierre Restany à changer notre manière de voir la réalité (et notamment celle de la ville.)

comme source d’inspiration plastique, je pense particulièrement à  ” lacéré anonyme ” le premier personnage fictif créé par Jacques Villéglé, (en cela précurseur des street artistes qui crée des “héros” à la fois mythique et contemporains) sous le quel il arrachera des centaines d’affiches dans les rues de Paris de manière répétitive et encore jusqu’à nos jours!

Ils prennaient position pour un retour à la réalité, en opposition avec le lyrisme de la peinture abstraite de cette époque mais sans tomber dans le piège de la figuration<https://fr.wikipedia.org/wiki/Art_figuratif>.

C’est pourquoi je mettrais beaucoup de street artistes contemporains qui travaillent le portrait et la figuration, notamment par l’intermédiaire du pochoir, comme une continuité du Pop Art ; tout ça pour dire que nous appelons le «  Street Art » aujourd’hui correspond plus à une manière de faire et de voir et de faire les choses, ( notemmentun esprit subversif qui s’empare de l’espace publique comme lieu d’expression)  qu’à un mouvement esthétique précis et définit.

L’écriture semble être au centre de ton travail, ainsi que la recherche de sens.

Est ce que c’est important pour toi de dépasser le coté esthétique (parfois même humoristique) du street art, et d’élever le débat?

Oui, je rigole moi aussi devant un pochoir de Banksy, mais c’est pour moi la limite de ce mouvement, qui retombe à ce moment dans une dimension de l’ordre de la bande dessiné ou des gags télévisés comme Bény hill, ce n’est en effet pas mon terrain sémantique!

Est ce que ton travail dans la rue et ton travail en galerie sont similaires?

Sont ils appelés à être de plus en plus différents?

Disons que ce que je montre dans la rue, pour des raisons de rapidité d’exécution,

se limite à mon travail autour de la lettre de la forme et de l’écriture.

Mon travail d’atelier poussent les limites de cette recherche jusqu’à l’art optique et l’abstraction géométrique et parfois l’art minimal pour créer volontairement des ponts entre différents mouvements et casser les frontières entres ceux la.

Chaque peintre a , de manière consciente ou inconsciente, énormément de différentes influences visuelles et pour ma part je peux dire que je suis influencé par l’architecture urbaine des mégalopoles contemporaines.

La présence en galerie est elle la transition du statut de street artist à celui d’artiste contemporain?

Oui c’est le début de sa reconnaissance, à présent, il faut que les institutions suivent.

C’est étonnant que le Centre Pompidou n’est pas déjà proposé une exposition sur les peintres abstraits de notre mouvement qui pourraient faire un lien parfait avec toute leur collection permanente.

Je me sentirais capable d’être directeur artistique et scénographe de ce genre d’évènement qui saura rendre historique une partie de notre mouvement, abstcto-architecturale

Il pourrait y avoir un autre exposition plus orientée comme continuité du Pop Art également.

Si le graffiti et de nombreuses oeuvres urbaines se situent du coté de la contestation,

on a aussi une majorité d’artistes qui déclarent être décomplexés par rapport aux collaborations avec les marques et l’apparition de leur travail sur des produits de consommation de masse.

Comment te situe dans cette relation?

C’est une bonne question, comme je l’ai dit plus haut, les gens de ma génération, né dans dans les années 70, sont des enfants du capitalisme sauvage, notre enfance à été bercé par Culture Pub. Et d’une certaine manière nous avons repris cette manière de faire, propre aux grandes marques, afin de créer nos propres marques visuelles undergrounds qui ont dans le temps ont nourrit à nouveaux les publicitaires… c’est un aller retour permanent dans l’histoire entre les artistes et les marques.

Mais il faut se souvenir que des marques comme Renaud ou Perrier ont toujours fait appel à des artistes pour penser leur « image de marque ».

Après dire qui récupère l’autre, je laisse la réponse en suspens à d’autres philosophes!

Instagram, à lui seul, semble avoir totalement changé la donne dans le monde du Street Art.

Oui internet a joué un grand rôle dans l’ »internationalisation » de notre mouvement.

Déjà depuis les années 2000 avec des sites comme Fotolog ou autres puis bien sur FaceBook qui a finit de « vulgariser » tout ça.

Mais cela a surtout permis aux acteurs de ce mouvement de pouvoir être en contact dans le monde entier et de pouvoir être en connexion avec des alliés en arrivant dans n’importe quel pays du monde.

Penses tu que galeriste est un métier d’avenir?

La notion de galeriste à bougé depuis le 20 ème siècle mais malgré tout les artistes ont besoin d’eux pour être présents dans les foires internationales notamment et donc d’exister sur le marché de l’art.

Peut on imaginer que les artistes vont, comme toutes les marques, vendre directement (online) à leur clientèle potentielle?

je ne pense pas non, pour les lithographies/sérigraphies et autres oeuvres reproduites par la machine, la toile peut être une finalité.

Mais les oeuvres originales ont besoin d’être vu de manière réelle c’est pourquoi il y aura toujours des galeries.

Par contre on peut très bien imaginer que des artistes ouvrent leurs propres galeries (cette idée m’a d’ailleurs traversé plusieurs fois dans ma vie)

mais cela reste un métier à part entière dont je préfère ne pas me charger pour mon concentrer sur l’avancée pictural et conceptuelle de mon oeuvre.

Ou va t on retrouver tes oeuvres (ou nouveaux projets) d’ici la fin de l’année?

Je vais participer à Art Basel Miami pour la première fois cette année.

Et j’ai un projet international qui va sortir en octobre avec une marque justement.